Les nouvelles identités "journalistiques"
Le journalisme est évolutif et en construction constante, il se transforme. Depuis quelques années, nous voyons naître un nouveau journalisme avec des frontières plus floues, des sujets différents et l’apparition d’une série de rédacteurs non professionnels qui participent à la production d’informations. Ces « journalistes citoyens » peuvent-ils être légitimés alors que la profession s’est efforcée de créer une identité professionnelle ?
Aujourd’hui, nous observons une prolifération des publications en ligne, des blogs, des forums de discussion, du journalisme participatif… Nous voyons apparaître une nouvelle identité de « journalistes » : les rédacteurs de messages publics. La presse traditionnelle doit faire face à ce bouleversement des pratiques journalistiques tandis que certains continuent de penser que l’identité et la pratique journalistiques doivent rester cantonnées aux seuls journalistes dits « professionnels ».
Pour Roselyne Ringoot et Jean-Michel Utard, le journalisme se définit comme une « pratique socio-discursive mettant en interaction trois instances mises en évidence par la sociologie professionnelle : les sources, les praticiens, les publics[1] ». Mais on peut être les trois instances à la fois. Les espaces publics et privés se confondent, tout comme les genres et les rôles des différentes instances. Le journalisme se reconstruit.
A l’heure actuelle, on veut nous faire croire que la téléralité est, comme son nom l’indique, la réalité présentée à la télé. On privilégie également les faits divers. L’information doit divertir. Cette confusion des genres viendrait de la nature économique de l’entreprise de presse. Il faut vendre avant tout.
Mais la pratique s’est imposée quelques règles éthiques et de déontologie, dans sa recherche d’information notamment. Il faut être impartial, objectif et rigoureux dans son travail. La méthode de recherche et l’objectif d’information du public que se donne le journalisme sont désormais les éléments les plus importants de la pratique journalistique.
Les journalistes spécialisés prennent une place importante aux côtés des journalistes d’information générale. Cependant, les premiers ne sont pas considérés comme journalistes « professionnels » mais bien comme journalistes « de profession ». Les uns cherchent à porter les faits dans le débat public pour amener les citoyens à s’exprimer et donner leur avis tandis que les autres s’adressent à un public précis qui s’attend à recevoir un certain type d’information.
J : Pensez-vous qu’il y ait une écriture journalistique « traditionnelle » ?
M-N : Je pense que oui. Autant au Maroc qu’ici, j’ai la chance de travailler dans un média qu’on peut qualifier de « traditionnel ». Pourquoi ? Parce que c’est un support diffusé d’abord en papier, avant le web. On ne doit pas travailler dans l’instantané propre au web. Je préfère travailler de manière traditionnelle, mais c’est de plus en plus rare.
Photo : https://education-nvp.org/journaliste/
[1] RINGOOT, Roselyne, UTARD, Jean-Michel (2005), « Le journalisme en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs », Rennes, Presses universitaires de Rennes, Coll. « Res Publica ».
LEVEQUE, Sandrine, « Les journalistes sociaux : histoire et sociologie d’une spécialité journalistique », Rennes, Presses universitaires de Rennes, Coll. Res Publica, 2000.
NEVEU, Erik, « Sociologie du journalisme », Ed. La Découverte, 2001.
RINGOOT, Roselyne, RUELLAN, Denis, « Ordre, flou et dispersion. Le journalisme comme invention permanente et collective », dans Brazilian Journalism Research, Volume 3, numéro 2, 2007.