Ceux qui n'en ont pas
Marie-Noëlle Rasson ne peut pas avoir de carte de presse car elle ne signe pas ses articles. Pour elle, que représente ce laissez-passer national de presse ?
J : Vous aimeriez vraiment avoir une carte de presse ?
M-N : Oui, bien sûr. C’est plus difficile pour les journalistes qui ne peuvent pas avoir de carte de presse. On est en dehors des réseaux. L’AJP – l’Association des Journalistes Professionnels de Belgique – propose des services pour les journalistes. Il y a, par exemple, un service juridique, des bourses. Il suffit d’être membre pour pouvoir accéder à ces services. Mais actuellement, je ne peux pas être journaliste professionnelle, ni même collaborateur de presse. Du coup, je me sens en dehors du système. Au niveau des sources, je dirais qu’une carte de presse est quand même un plus. C’est un laissez-passer qui permet de rassurer les gens.
Que signifie pour vous le fait d’avoir une carte de presse ?
C’est une reconnaissance avant tout et un laissez-passer. J’avais une carte de presse lorsque je travaillais comme journaliste au Maroc. Au niveau des sources, ça permet de mettre les gens en confiance. C’est aussi une manière d’être en réseau avec nos pairs. Et une façon d’être vraiment intégré dans la profession et de pouvoir bénéficier des services qui y sont liés.
Assumez-vous ce statut de journaliste un peu « en marge » ?
Je l’assume, car dans mon métier actuel, j’ai un contrat de travail qui me permet de vivre dignement. Beaucoup de jeunes journalistes professionnels peinent à joindre les deux bouts. Mais je ressens toujours ce regret de ne pas être journaliste professionnelle.
Et en êtes-vous fière ?
Je ne pense pas qu’on puisse en être fier… En ce qui me concerne, j’ai toujours rêvé d’être journaliste. Et là, je me demande si je le suis. Le monde du journalisme est tellement dur, et il est tellement difficile de réussir à en vivre, qu’en fait, ce n’est pas un choix. C’est un besoin.
Comment vous représentez-vous les journalistes dits « professionnels » ?
J’ai un peu une admiration envers ceux qui arrivent à en vivre. Je me dis qu’ils ont de la chance et du mérite. Mais quand j’entends ce qu’ils vivent au quotidien, les horaires de traite, les contrats à la pige, le stress qu’ils vivent… Je me dis que j’ai de la chance.
Vous êtes-vous déjà vue refuser l’entrée à une institution, un événement ou autre, à cause du fait que vous ne possédiez pas de carte de presse ?
Non. Dans mon métier actuel de journaliste, je vais rarement à des événements. Je travaille plus à partir de sources écrites et d'interviews.
Pensez-vous que le fait de ne pas posséder une carte de presse vous fait perdre de la crédibilité ?
Auprès des lecteurs, non. On ne manque pas de crédibilité. Pour moi, la carte de presse, c’est avant tout une reconnaissance et une manière d’être intégré au sein de la profession.